Solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’Univers (Année A)
1ère lect. : Ez 34, 11-12.15-17 Ps : 22
2ème lect. : 1 Co 15, 20-26.28 Ev. : Mt 25, 31-46
Homélie du Père Chryst Olivier Massiossio
En ce 34ème dimanche où nous célébrons la fête du Christ Roi, qui conclut et couronne toute l’année liturgique, il nous est proposé un passage de l’Évangile selon Matthieu sur l’amour du prochain, un commandement qui conclut et couronne tout l’enseignement du Christ.
Frères et sœurs, la parabole des talents que nous avions lue et méditée dimanche passé (Mt 25, 14-30) relate l’histoire d’un Maître qui a confié des talents à ses serviteurs, sans leur dire exactement comment les faire fructifier. Aujourd’hui, l’Évangile nous propose, en quelque sorte, les modalités pratiques pour tirer profit des talents reçus du Seigneur.
On multiplie les talents en posant les gestes d’amour envers le prochain. A partir des faits concrets, Jésus, dans cet Évangile, nous montre comment aimer. Il s’agit donc de l’amour en actes. Aimer, c’est poser des gestes concrets qui aident les autres à s’épanouir dans la vie. Il s’agit de se donner la peine de combler les besoins fondamentaux de nos semblables.
Cet Évangile nous dit que la plénitude de l’amour de Dieu, sa gloire, la splendeur de son Royaume, que nous désirons et que nous attendons, sont déjà présents dans les plus petits gestes de compassion et de miséricorde que nous pouvons offrir : donner à manger, donner à boire, donner un vêtement, un toit, rendre visite à une personne dans l’épreuve, dans la souffrance. La splendeur du Royaume de Dieu que nous portons dans l’espérance, pour ce monde-ci, aussi bien pour l’autre vie, peut et doit, déjà aujourd’hui, s’actualiser dans notre quotidien, sculpter nos comportements, nos décisions. Dieu nous attend pour le mettre en œuvre, pour l’actualiser.
Le Royaume de Dieu qui nous est annoncé, proclamé, est pour nous informer, c’est-à-dire pour nous former à la volonté divine. En effet, le Royaume de Dieu s’organise et s’élabore peu à peu à travers tous ces petits gestes qui nous ont été rappelés et qui pourraient si facilement nous paraître anodins. Et le vrai chrétien se reconnaît aussi par son engagement en faveur de ceux qui n’ont pas accès à ces besoins fondamentaux.
Aujourd’hui, Jésus nous fait comprendre que ceux qui ont passé leur vie à combler les besoins fondamentaux des démunis sont considérés comme des brebis : ils seront placés à la droite du Seigneur ; ceux qui ne prêteront aucune attention à la souffrance des autres sont considérés comme des boucs : ils seront plutôt à la gauche du Seigneur. La brebis représente tous ceux qui croient sincèrement en Dieu et qui ne comptent que sur Lui. Ce sont ceux qui, dociles et obéissants à l’Évangile, sont objets de l’amour providentiel de Dieu. Par contre le bouc représente tous ceux qui multiplient les péchés contre l’amour du prochain. Non seulement ils incarnent le péché mais ils sont aussi chassés loin de Dieu dans le feu éternel.
Partant de cet Évangile, Jésus, ce matin, nous enseigne que, être roi consiste à se sacrifier pour sauver les autres. Oui, par cette fête du Christ Roi de l’Univers, chacun de nous est invité à exercer ses responsabilités selon la royauté du Christ, à savoir l’humilité et l’esprit de sacrifice. Il faut que toute autorité, à l’imitation du Christ Roi de l’Univers, s’exerce comme un service désintéressé et comme un don de soi. « Servir et donner sa vie » car la royauté de Jésus est fondée dans le don qu’il fait de lui-même pour l’humanité.
De même l’autorité dans le monde civil, politique, religieux doit s’exercer comme un don que la personne d’autorité fait d’elle-même à ceux qui dépendent d’elle, et comme un service permanent et désintéressé.
C’est dans le quotidien que l’on dit à Dieu son amour. C’est dans notre vie de tous les jours que le Christ Messie veut être Roi parce qu’il est Roi avant tout sur des cœurs libres. La Royauté du Christ ne s’impose ni par la force ni par l’asservissement des consciences. Sa royauté, c’est le rayonnement universel de sa Parole, c’est l’illumination de chaque cœur de croyant c’est l’incendie de la charité jusqu’aux confins de la terre, à commencer par l’incendie de notre cœur où tout doit prendre feu « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». La royauté de Jésus s’oppose donc à toute duplicité, à tout mensonge et à toute oppression.
En ce jour où nous célébrons la fête du Christ Roi de l’Univers, demandons au Seigneur Dieu de régner en nous, d’être le maître de nos pensées et de nos actions, le guide de nos choix et le modèle de notre vie. Demandons-Lui d’étendre son règne sur l’univers entier pour que les hommes s’aiment davantage et se reconnaissent fils d’un même Père. Demandons-Lui enfin de donner à ceux qui nous gouvernent assez de sagesse et de courage pour être réellement au service de tous. Amen !
Méditation de Mgr. Albert Decourtray
Jésus n’a pas dit…
Jamais homme n’a respecté les autres comme cet homme…
Jésus voit toujours en celui ou celle qu’il rencontre un lieu d’espérance, une promesse vivante, un extraordinaire possible, un être appelé, par-delà et malgré ses limites, ses péchés et parfois ses crimes, à un avenir tout neuf. II lui arrive même d’y discerner quelque merveille secrète dont la contemplation le plonge dans l’action de grâces.
Jésus ne dit pas : « Cette femme est volage, légère, sotte, elle est marquée par l’atavisme moral et religieux de son milieu, ce n’est qu’une femme. »
II lui demande un verre d’eau et il engage la conversation.
Jésus ne dit pas : « Voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlisée dans son vice. »
Il dit : « Elle a plus de chance pour le royaume de Dieu que ceux qui tiennent à leur richesse ou se drapent dans leur vertu et leur savoir. »
Jésus ne dit pas : « Celle-ci n’est qu’une adultère. »
Il dit : « Je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus. »
Jésus ne dit pas : « Celle-là qui cherche à toucher mon manteau n’est qu’une hystérique. »
Il l’écoute, lui parle et la guérit.
Jésus ne dit pas : « Cette vieille qui met son obole dans le tronc pour les œuvres du Temple est une superstitieuse. »
Il dit : « qu’elle est extraordinaire et qu’on ferait bien d’imiter son désintéressement ! »
Jésus ne dit pas : « Ces enfants ne sont que des gosses. »
Il dit : « Laissez-les venir à moi et tâchez de leur ressembler. »
Jésus ne dit pas : « Cet homme n’est qu’un fonctionnaire véreux qui s’enrichit en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres. »
Il s’invite à sa table et assure que sa maison a reçu le salut.
Jésus ne dit pas, comme son entourage : « Cet aveugle paie sûrement ses fautes ou celles de ses ancêtres. »
II dit : que l’on se trompe complètement à ce sujet et il stupéfie tout le monde, ses apôtres, les scribes et les pharisiens, en montrant avec éclat combien cet homme jouit de la faveur de Dieu. « II faut que l’action de Dieu soit manifeste en lui. »
Jésus ne dit pas : « Ce centurion n’est qu’un occupant. »
Il dit : « Je n’ai jamais vu pareille foi en Israël. »
Jésus ne dit pas : « Ce savant n’est qu’un intellectuel. »
Il lui ouvre la voie vers une renaissance spirituelle.
Jésus ne dit pas : « Cet individu n’est qu’un hors-la-loi. »
Il lui dit : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. »
Jésus ne dit pas : « Ce Judas ne sera jamais qu’un traître. »
II se laisse embrasser par lui et lui dit : « Mon ami. »
Jésus ne dit pas : « Ce fanfaron n’est qu’un renégat. »
II lui dit : « Pierre, m’aimes-tu ? »
Jésus ne dit pas : « Ces grands prêtres ne sont que des juges iniques, ce roi n’est qu’un pantin, ce procurateur romain n’est qu’un pleutre, cette foule qui me conspue n’est qu’une plèbe, ces soldats qui me maltraitent ne sont que des tortionnaires. »
Il dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font… »
Jésus n’a jamais dit : « II n’y a rien de bon dans celui-ci, dans celui-là, dans ce milieu-ci, dans ce milieu-là. »
De nos jours, il n’aurait jamais dit : « Ce n’est qu’un intégriste, qu’un moderniste, qu’un gauchiste, qu’un fasciste, qu’un mécréant, qu’un bigot… »
Pour lui, les autres, quels qu’ils soient, quels que soient leurs âges, leur statut, leur réputation, sont toujours des êtres aimés de Dieu.
Jamais homme n’a respecté les autres comme cet homme. II est unique.
Jésus est le Fils unique de celui qui fait briller son soleil sur les bons et sur les méchants.
Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous, pécheurs !
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